mercredi 14 octobre 2009

Matutinale

Première nuit au mouillage en solo. Même si je ne suis pas allé bien loin c'est déjà une expérience. Seul à bord quand la nuit tombe, l'impression est tellement différente de celle des moments où l'on est en équipage. Les feux de mouillage des quelques autres bateaux alentours sont les seuls éléments susceptibles de briser le sentiment d'isolement. Mais ce n'est pas un sentiment désagréable loin s'en faut. J'ai eu un sommeil saccadé, à plusieurs reprises je ne suis mis à bouquiner un peu et aussi à écrire sur l'ordi. Seul dans ma coquille de noix, je me sens bien, le mouillage me semble sûr...tout baigne en somme !
La lune présente quasiment toute la nuit a sans doute contribué aussi à briser mon sommeil, sa clarté au travers du hublot de pont m'a tenu partiellement éveillé. Tout était paisible.
Au petit matin, finalement bien emmitouflé dans mon duvet, la couchette bien calée avec la toile anti-roulis, au chaud dans mon cocon et prêt à me refaire une bascule dans les rêves, m'est venue l'envie de partir avant le lever du jour.
Allez zou, remues toi, ça va être top, tu vas voir ! Un bon caoua bien chaud avec pain beurre et c'est décidé. Il fait encore nuit mais les premières prémices de lueur commencent à teinter l'est timidement. J'ai l'impression qu'il va faire beau, les nuages sont épars. Je mets le restant de café dans le thermos, celui que les enfants nous avaient offert, avec un joli service à café genre «de campagne», tout mimi «nature et découverte» c'te fois il va servir et comment, je le sens. J'enfile la tenue complète, bottes et salopette, veste de quart, fait un peu frisquet, c'est début octobre tout de même, et je monte sur le pont. Les bateaux voisins sont assez loin, je ne devrais pas trop déranger, allez, moteur à chauffer. Puis j'envoie ma grand-voile en étant encore sur ancre. Le vent est encore bien mou, ça va être piano comme départ. Ensuite je coince la barre à zéro au pilote, puis je vais à l'avant. J'enfile les gants de manutention qui sont dans la baille à mouillage, il faut dire que je n'ai pas de guindeau ni manuel et encore moins électrique sur Elixence. Oh ce n'est pas un monstre, mais il faut juste se caler bien comme il faut dans l'ouverture de la baille pour éviter tout de même le tour de rein... on n'a plus vingt ans, faut faire gaffe tout de même, imagines qu'en solo je me coince le dos, j'aurais l'air malin pour rentrer... «Allô, chérie tu vas rire, je vais rester encore un ou deux jours au mouillage, j'ai un petit lumbago, là, tu vois...».
C'est parti, muscu..! la chaîne fait son «crong-crong» en passant dans le davier, je marque des temps d'arrêt pour que le bateau revienne dans l'axe de la chaîne et pour redonner un peu de mou dans la tension.
Au moment où l'ancre est quasiment toute remontée, j'aperçois quelqu'un qui sort sur le pont du bateau voisin, petit signe de la main. Eux aussi vont partir à la fraîche apparemment. Ça y est, j'y suis, ancre dans la baille, je referme, et c'est parti, moteur pour m'écarter de la zone, passer le gros rocher qui fait sentinelle au bout de la Grande Plage de Houat, puis une fois passé, je me mets au cap direction le Crouesty, quasiment plein nord avec une légère brise quasiment plein sud quand à elle. Le ciel commence à rosir de plus en plus, la nuit est déjà presque disparue, le jour presque là, et je n'ai même pas mis mes feux de route, plus la peine. Vent dans le cul, à plein, j'ouvre les voiles en grand, je déroule le génois en ciseau, pilote à la barre, c'est généralement lui le plus doué dans ces cas là, barrer avec les voiles en ciseau, sinon, c'est un eu un casse tête, et puis faut s'y tenir concentré sinon en empanne pour un oui ou pour un non, alors que là j'ai encore envie de baguenauder peinard le nez au ciel, rêvasser encore un peu. Personne à l'horizon ! Seul à bord et seul sur l'eau, la vache les mecs, quel panard !
Allez, thermos, caoua, merci les enfants!

Putain, c'que je suis bien moi, là, comme ça, zéro angoisse, total zen dis donc.
Tout bénèze le mec Dom !

Un truc à refaire, quoi, et un poil plus loin la prochaine fois, de préférence.

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