mardi 28 décembre 2010

Travaux d'hiver - Ballade sur l'Île de Berder

Neige, grisaille parisienne,
Bateau à l'hivernage,
Rêveries au coin du feu
Il est temps de mettre un peu de soleil dans les pinceaux.

Comme d'hab, tout commence par un ciel
Tout fuit, les nuages, la plage, les arbres, dans le lointain,
vers la pointe de Île aux Moines ...
Île d'or sur le nombre d'or



L'Île aux Moines sur l'horizon sera le trait d'union entre le ciel et l'eau
Puis vient la plage, quelques rochers et des arbres qui vont demander bien du soin


Les volumes à travailler encore et encore dans la verdure, on est toujours un peu loin du but

Restent encore pas mal de détails, les vaguelettes de la marée montante,
Des ombres et lumières çà et là, la granulosité du sable en premier plan
Il est tard, on finira demain

ça y est, ça peut le faire, nous y sommes ....  prêts pour la ...
    Ballade sur l'Île de Berder - huile sur panneau d'isorel - 49 x 70 cm

dimanche 28 novembre 2010

Ile aux Moines


Ile aux Moines, vue depuis l'Anse de Penhap (pointe Sud) - lumière du matin- Huile sur toile

dimanche 14 novembre 2010

Hoëdic - port de la Croix

                Hoëdic - échouage à port la Croix - Huile sur toile


Hoëdic

Le temps d'un virement de bord
Dans les eaux calmes de la baie
Et on s'accroche à Port d'Argol
Par un joli matin de mai

Ces îles sont des poupées gigognes
Houat c'est Belle-Ile en réduction
Sa côte sud aux vagues qui cognent
Ses plages lisses aux sables blonds

Hoëdic est comme une mini-Houat
Ou comme une micro-Belle-Ile
Quand on arrive à Port la Croix
Dans les cailloux on s'y faufile

On peut y voir quelques voiliers
Appuyés sur leurs deux béquilles
Comme de maladroits échassiers
Au milieu des flaques qui brillent

Dans ce vieux port abandonné
En un dédale de cailloux
Le temps est venu se poser
Et arrêter son rythme fou

mardi 2 novembre 2010

De terre et d'eau

                                          De terre et d'eau - huile sur toile


Petite mer comme un cadeau
Golfe radieux de terre et d'eau
Soleil couchant scintille d'or
Dans ma mémoire où brillent encore
Le fond des anses du Logeo
Ou le passage du Hézo
La cale tranquille de Larmor
Où des bateaux somnolent encore

Sur le sentier comme enflammé
Par l'astre feu illuminé
Je marche au milieu de ce monde
Comme il en est nul à la ronde
D'un coté terre cultivée
Et de l'autre mer apaisée
Dans une lumière féconde
Où les éléments se confondent

Se baladant dans les courants
On peut y voir dans le jusant
Vers la rivière du Bono
Le héron pêchant près de l'eau
Ou l'aigrette et son manteau blanc
Alors le soleil prend son temps
Et teint le ciel de ses tons chauds
Avant de sombrer dans les eaux

jeudi 2 septembre 2010

Ile aux Moines - matin

Dans une belle lumière matinale de fin août, nous marchons sur le sentier côtier de l'Ile aux Moines, coté ouest, protégés par l'ombre des arbres qui se projette sur le littoral en nous offrant un festival d'ombres et lumières. Les bateaux au mouillage se prélassent tranquillement dans le courant si calme de la renverse de marée, pendus à leur corps mort comme des enfants accrochés à un ballon qui t'appellent en disant "allez, viens jouer". Le notre, Elixence, est resté bien amarré au ponton visiteur, afin d'avoir l'esprit tranquille pour flâner tout autour de l'Ile. Nous aurons juste à nous soucier de l'heure de la prochaine marée montante afin d'être sortis du golfe avant la renverse montante, sinon le courant ne nous laissera pas nous échapper de le petite mer.
Puis au détour d'une boucle du sentier, apparaît la petite maison comme posée sur le trait de côte au milieu d'une abondante verdure.
Cet instant suffit à redonner l'envie .... de peindre ( tableau ci-dessous)

jeudi 5 août 2010

Les mondes penchés

Le premier monde.


Je fais corps avec la machine, genoux serrés sur le réservoir. Je m’arrondis derrière la bulle et je pousse la poignée à fond en enchaînant les rapports. Le prochain monde penché n’est plus très loin et mon cœur s’accélère. La bande grise défile de plus en plus vite, j’y suis aspiré par une force qui me tire vers l’avant. Le bruit du vent dans le casque se fait de plus en plus fort et je n’entends presque plus que lui, c’est par les vibrations que je ressens les montées en régime de ma machine. Déjà comme un vertige me gagne. L’aiguille du compte tours monte. Puis la courbe de la bande grise arrive comme une cascade, un fleuve en folie qu’on n’arrête pas. Ne pas freiner trop tôt, préparer la trajectoire, dérouler en une fraction de seconde dans sa tête l’enchaînement qui va suivre. Ça y est, la courbe est là, et dans un éclair, tout le corps se détend, deux rapports descendent à la volée, comme deux doubles croches sur une portée musicale qui voudrait jouer les Walkyries, léger appui sur le frein, positionner la machine dans la trajectoire extérieure de l’entrée pour mieux plonger dans le monde penché, reprendre son appui en remettant les gaz dans l’engagement vers l’intérieur, cul légèrement déhanché de la selle, le genou intérieur semblant vouloir aller prendre appui au sol qui défile … j’y suis, je ne sais plus si c’est la machine qui a basculé de la sorte ou bien si c’est le monde qui m’entoure qui s’est mis tout entier à la gîte. Tout est tendu au cordeau, millimétré, il ne faut pas dévier d’un cheveu.

C’est dans ce premier monde penché que j’ai ressenti pour la première fois dans ma jeunesse cette espèce de vertige où tout semble suspendu. C’est comme un flash où plus rien d’autre ne compte, où la vie elle-même ne tient plus qu’à deux points d’appui sur un morceau de bitume qui défile à toute allure. Chaque nouvelle courbe est comme un monde nouveau pour lequel on se prépare à entrer avec précision, et dont on ressort dans une renaissance, on y regonfle ses poumons qu’on avait bloqués pendant toute la durée du passage dans cet autre monde..

Dans ces premières expériences je découvrais dans des instants fugitifs de plénitude le plaisir de se sentir en équilibre précaire dans le mouvement au milieu les éléments, comme si l’évolution dans la masse d’air qui m’enveloppait, outre la sensation de volupté que cela procurait, portait déjà en elle la suite qui me conduirait bien plus tard vers le deuxième monde penché, bien qu’il paraisse difficile au premier abord de trouver un rapprochement entre ces deux univers totalement étrangers l’un à l’autre. Ou alors quelque chose qui tient d’une soumission inconsciente et prémonitoire à Eole, dieu des vents.

Avaler du bitume avec une sorte de sauvagerie contenue et plonger dans ce nouveau monde où les repères habituels n’ont plus d’emprise, fuite en avant ou poursuite inconsciente d’une nécessaire destinée? A l’heure où d’autres cherchaient leurs échappées dans diverses illusions pour tenter le décollage du quotidien, j’avais choisi d’enchaîner des virages sur les routes sinueuses de nos campagnes à moto, j’étais totalement accro, et j’allai jusqu’à faire une saison de compétition. Attention, drogue dure !



Le deuxième monde

Au début tout à l’air normal. L’horizon est bien à plat et on se sent glisser dans des éléments souples et onctueux.
Puis vient le moment où l’on va déployer ses ailes au vent. Grand voile d’abord, qui faseye et claque pendant qu’elle monte jusqu’au sommet du mât. Le bateau est encore quasiment à plat, puis il amorce une légère inclinaison lorsqu’à la barre on « abat » le voilier dans le lit du vent, sur le bord qui permettra de prendre le bon cap, afin de préparer la voile d’avant. Ecoute au winch, ça y est, on envoie ! Le génois se déroule et se déploie comme un grand oiseau blanc, se gonfle comme un jabot fier et la cavalcade commence.

Les éléments s’inclinent, l’horizon fuit en oblique pendant qu’on entend les objets mal arrimés à l’intérieur qui vacillent et glissent bruyamment. Contrairement au premier monde penché, fugitif et bref, celui-ci perdure et il devient nécessaire de s’y habituer, prendre ses marques et des points d’appui, trouver sa place sur le plan incliné qui est devenu notre seul espace de référence. Cette fois-ci, on est comme sur le dos d’un gros animal marin qui se faufile de vague en vague et nous emporte vers le large.

Parfois, sous bonne brise, l’angle de gîte du bateau prend des allures vertigineuses, le bord du liston et les chandeliers sont dans l’eau et la vague d’étrave vient écumer ses mousses blanches sur la bordure du génois qui lui donne l‘air de transpirer dans l‘effort.

Accroché à la barre, muscles tendus, on fait corps là aussi avec … je n‘ose pas dire la machine car il s‘agit de bien autre chose à propos d’un voilier - comme un être vivant - on accuse ensemble les coups de boutoir des risées qui semblent vouloir nous coucher dans l’eau. On résiste, on se bat, le bateau-compagnon semble parfois mugir, il est cheval labourant la houle, griffant de son sabot un sol qui s’égare, comme s’il reprenait son souffle dans une profonde aspiration avant de repartir tête baissée dans la vague, à l’assaut, désireux de victoire.
Cette fois, on est unis, on ne fait plus qu’un et la magie s’installe.
Ce monde là une fois pénétré et parcourues ses magies et ses folies, ne vous lâchera jamais plus, Eole et Poséidon ont définitivement fait de vous leur sujet.





jeudi 13 mai 2010

Semailles

Mon étrave laboure et je suis paysan
Qui arpente en silence des prairies onduleuses
Mon voilier est charrue qui déchire la houle
Et son sillon fertile vient strier l’océan
J’y sème avec bonheur les graines aventureuses
Qui nourrissent ma vie et m’éloignent des foules

Il n’y a pas d’hiver c’est le vent qui saisonne
Qui me rythme le temps et peint mes paysages
De collines salées et de vallées tranquilles
Pas une feuille morte ne tombe à son automne
Quand sifflent les haubans ce n’est pas bon présage
Il faut faire le dos rond et rentrer à la ville

Mais sitôt que la brise m’invite au voyage
Quand fasseyent les voiles à la sortie du port
Les oiseaux de passage me saluent d’un coup d’aile
Mes semailles de saison sont faites de cordages
De caps et de manœuvres de bâbord à tribord
Et je récolte au vent des bonheurs sans pareils

Mon étrave laboure et je suis paysan
Qui arpente en silence des prairies onduleuses
Mon voilier est charrue qui déchire la houle
Et son sillon fertile vient strier l’océan

                                   l'appel - huile sur toile - Dominique Trutet

vendredi 29 janvier 2010

Partir

Décrocher les amarres comme on coupe un cordon
Et s’éloigner du quai sans avoir crié gare
Suivre des oiseaux blancs qui chantent à l’unisson
Dans la bave des cieux leur hymne du départ
Pendant que disparaissent les toits des maisons
Partir en se disant qu’il n’est jamais trop tard

Laisser des gens heureux bien au fond de son cœur
N’avoir d’autre maison qu’une envie d’océan
Et ne plus redouter ni tempêtes ni peurs
Se dire que plus rien ne sera comme avant
Que la vie sera faite de nouveaux labeurs
Qui consacrent les heures à glisser sous le vent

N’avoir d’autres attaches que de lointains rivages
Et se laisser porter par les douces risées
Oublier à jamais les potins du village
Ne prier qu’au milieu des nefs étoilées
Embrasser des soleils comme des heureux présages
Dans les matins de soie des mers recommencées

samedi 16 janvier 2010

La poésie

La poésie est aux mots ce que les embruns sont à la mer. Quelque chose qu’on ne peut ressentir que lorsque qu’on a envoyé les voiles et qu’on fait route, dans les imprévisibles météorologies de la langue.
Les mots, comme la mer, n’éclaboussent jamais ceux qui restent à quai sans se lancer dans le voyage. Ceux là n’en perçoivent qu’une lointaine surface onduleuse, les spectateurs des mots sont comme ces badauds assis sur un banc, ils contemplent de loin des couchers de soleil et s’en fabriquent des souvenirs au travers de leurs appareils de photographie, capturant des images mais restant immobiles.
La poésie c’est une navigation dans la houle des mots, poussée par les vents portants de la rime ou luttée à contrevents des idées, il lui faut des haubans, des focs, des misaines, des trinquettes, il faut tenir la barre, éviter les déferlantes, tenir un cap. La poésie peut-être faite de cabotages le long des berges de l’ennui, ou de grands voyages au long cours sur l’océan du spleen et alors les mots débordent des encyclopédies froides, se déversent, roulent avec les galets, s’imprègnent des odeurs d’algues de la vie.
Les mots sont les membrures de la poésie dont les vers se mesurent en pieds, comme les bateaux.

Les mots dans leurs voyages, finissent par prendre des couleurs étranges, parfois viennent de loin, de pays qu’on n’habite pas mais qu’on ne fait que traverser.
La poésie se construit avec des mots voyageurs….

samedi 9 janvier 2010

Horizons

Horizons

Dans nos vies urbaines, nos environnements visuels sont prisonniers du règne de l’angle droit et de la verticalité qui réduisent nos perspectives à des proximités agressives, saillantes comme des lames de couteaux.
Ajoutant à cela la « laideur des faubourgs » (Brel dixit) dans leurs excès d’enseignes et d’affichages saturés de couleurs vives et de messages disparates, comment se projeter soi-même quand de véritables horizons visuels ne sont plus accessibles.
Je crois fermement au fait que nos constructions mentales dépendent beaucoup de nos environnements visuels, et ceux-ci que j’évoque sont souvent désormais incontournables dans nos vies dites modernes. Et si l’on peut penser que nos constructions sociétales dépendent sans doute pour bonne part de nos constructions mentales individuelles, comment ne pas en conclure qu’il y a des liens de causalité dans ce que notre modernité a de tellement écrasant.

C’est pour cela que les échappées vers de grands et lointains horizons sont indispensables à la conservation d’un mental serein.
Dans cette belle Bretagne Sud où je vais autant que possible, par exemple, j’apprécie particulièrement le Golfe du Morbihan pour la douceur de ses lignes. C’est le règne de l’horizontal, des longues perspectives ouatées qui échelonnent les lumières et les couleurs dans de vastes éloignements, depuis les verts tendres, les terre verte, les verts émeraudes ou plus profonds encore des arbres proches jusqu’aux doux pinceaux des îles qui jouent à cache-cache les unes derrière les autres comme dans un concours d’estompages de bleutés jusqu’au fond de l’horizon, alternés par les gris-vert et les outremers de la petite mer, les ocres et les terre de sienne des langues sablonneuses, les pépites d’or des ajoncs printaniers.

Souvent sur le Golfe le ciel est ensoleillé pendant qu’un ourlet de nuages dessine au-dessus de l’horizon comme une couronne tout autour de la petite mer, cette reine celtique, comme pour signifier que c’est elle qui maîtrise le dieu soleil et que les nuages et la grisaille appartiennent au monde terrien.
Dès les frimas de l’automne, les fonds des anses se peuplent des grandes familles de migrateurs, et alors les innombrables culs blancs des oies bernaches font scintiller les flaques de la marée basse pendant qu’on perçoit en tendant un peu l’oreille leurs paisibles conciliabules dans le silence cotonneux.

Baudelaire aurait pu y écrire ici son « invitation au voyage » :
« Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté. »

Puis au détour des innombrables passes entre les îles, les pointes, les criques, les rocs à demi noyés, comme si on était allé perdre ses sens dans les dessous de dentelle d’une souveraine, après avoir salué l’aigrette ou le héron pêcheur, admiré le vol en majesté des ibis sacrés, ces immigrés africains qui ont élu domicile dans cet endroit qu’ils ont sûrement aimé immédiatement, on apercevra une porte ouverte sur le large, on la traversera dans les cavalcades du courant de la Jument qui donneront le tournis autant au bateau qu’à nous-mêmes, et on écarquillera les yeux sur l’immensité de l’océan qui s’ouvre devant nous, saupoudré de quelques dernières îles, Houat, Hoëdic, déposées là un peu plus loin en mer comme pour nous aider à nous souvenir de ce qu’est une terre avant la grande échappée vers l’infiniment horizontal.


Golfitude - Huile sur toile -Dominique Trutet




Holavre, vue de puis l'Ile aux Moines - Huile sur toile -