Rengaine
L'océan s'échine à gonfler mes
voiles,
Et j'écoute sa rengaine
inlassablement.
Vaguement admiratif de sa constance
A vouloir nous secouer, mon voilier et
moi,
Dans le shaker de ses incomparables
cocktails
Faits de liqueurs salées, d'extases
crépusculaires
Et de cathédrales d'étoiles
lactescentes.
Comme lorsque l'on descend avec
religiosité
Dans ces caves où l'on tient en
réserve
Quelques bons crus pour les grandes
occasions,
Je rejoins tout au fond de mes
atermoiements
Les subtils mélanges de rêves
éveillés
Et de souvenirs inachevés,
Bonifiés par le tanin de l'appel du
large.
Quand l'appel du large se réveille
Il me reste peu d'instants de sérénité
véritable
Et le temps s'écoule en hoquetant,
comme les jours
Qui précèdent un événement
improbable.
Dans ces moments là je bêle comme un
mouton égaré
Dans le labyrinthe des contraintes
quotidiennes.
L'océan s'échine à gonfler mes
voiles
Restant encore trop près des côtes,
auto-censuré de l'envol,
Prisonnier de la con quête qui envahit
la platitude
De mes journées de petit soldat
besogneux
D'une industrie décervelée
Je dois tenir, mes mains parfois
collées sur la tête
Pour me boucher les oreilles et tenter
d'oublier
Pendant encore quelque temps les
inepties alentours
Ne pas devenir fou de rage ou bien de
désespoir
Me persuader que je rejoindrai bientôt
le quai
Intact et encore empli de toutes mes
envies,
Délivré de mes craintes infantiles
Et désireux de rejoindre les senteurs
caraïbes
Dans la tiédeur des alizés
atlantiques
Enfin libéré