samedi 16 janvier 2010

La poésie

La poésie est aux mots ce que les embruns sont à la mer. Quelque chose qu’on ne peut ressentir que lorsque qu’on a envoyé les voiles et qu’on fait route, dans les imprévisibles météorologies de la langue.
Les mots, comme la mer, n’éclaboussent jamais ceux qui restent à quai sans se lancer dans le voyage. Ceux là n’en perçoivent qu’une lointaine surface onduleuse, les spectateurs des mots sont comme ces badauds assis sur un banc, ils contemplent de loin des couchers de soleil et s’en fabriquent des souvenirs au travers de leurs appareils de photographie, capturant des images mais restant immobiles.
La poésie c’est une navigation dans la houle des mots, poussée par les vents portants de la rime ou luttée à contrevents des idées, il lui faut des haubans, des focs, des misaines, des trinquettes, il faut tenir la barre, éviter les déferlantes, tenir un cap. La poésie peut-être faite de cabotages le long des berges de l’ennui, ou de grands voyages au long cours sur l’océan du spleen et alors les mots débordent des encyclopédies froides, se déversent, roulent avec les galets, s’imprègnent des odeurs d’algues de la vie.
Les mots sont les membrures de la poésie dont les vers se mesurent en pieds, comme les bateaux.

Les mots dans leurs voyages, finissent par prendre des couleurs étranges, parfois viennent de loin, de pays qu’on n’habite pas mais qu’on ne fait que traverser.
La poésie se construit avec des mots voyageurs….

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